Le 7 juillet 1944 notre unité a été envoyée sur la ligne de front. Lors de notre progression, vers 7h30, le groupe auquel j’appartenais a été obligée de se réfugier derrière une succession de haies.

Tandis que je surveillais ce qui se passait sur la droite du secteur, mon sous-officier, le sergent Daniel TRemper qui se trouvait à ma gauche, scrutait  l’autre partie de la ligne de front.

Ayant repéré des départs de tirs ennemis à côté d’un arbre, il m’en informa. Après avoir moi-même constaté la provenance exacte des tirs, je ripostais.

Ce fut alors une fusillade nourrie. Je jetais un coup d’œil sur mon sergent, qui comme moi était toujours agenouillé derrière la haie. Je remarquai cependant que sa tête penchait anormalement sous le poids de son casque et qu’un peu de sang coulait d’à côté de son oreille sur son cou.

Après avoir redoublé d’intensité, les tirs ennemis s’estompèrent nettement. C’est en visant en-dessous du sommet des haies que nous avons réussi à contrer l’ennemi. De plus, j’étais un excellent tireur et je manquais rarement ma cible.

 Mon sergent ne bougeait plus ; c’est à ce moment que je me suis rendu compte qu’il était mort. Une balle lui était rentrée dans le cou et ressortie de l’autre côté. Je l’allongeais alors sur le dos.

Dès que nous sommes rendus maîtres des haies qui abritaient les allemands, j’ai retrouvé le casque du type qui avait certainement tiré sur mon sergent. Il était plein de sang et présentait un trou sur l’arrière. Plus loin nous avons retrouvé le corps du gars qui avait reçu la balle entre les deux yeux ainsi que derrière la tête. Nous avons supposé que ses camarades n’avaient pas eu le temps de le ramener avec eux.

Après plusieurs essais infructueux, le 7 septembre 1999, j’ai retrouvé la trace de mon sergent au cimetière d’Ohama.

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En juin 2004,  Mr Sanchez qui était l'hôte de la France, est venu se recueillir et déposer,  sur la tombe de son ami le S/sergent Daniel Tremper, la légion d'honneur qui lui avait été remise dans la cour des Invalides par le Président Jacques Chirac.

MA QUÊTE   par Ysidor Sanchez

Recherches sur mon S/Sergent Daniel H Tremper KIA le 7 juillet 1944

Deux ans après la guerre l’oncle Sam me rendait enfin la liberté  (Ysidor  étant encore mobilisable durant cette période) je pus alors commencer mes premières recherches sur mon sergent dans divers cimetières. Je regardai tombe après tombe si le nom de Tremper apparaissait, c’est ainsi que je m’aperçus que beaucoup d’hommes de la 30th division avaient été tués.

Daniel H Tremper

Pendant 55 ans j’ai pensé qu’il avait été enterré dans un cimetière aux Etats Unis J’ai essayé sans succès de  localiser dans le New Jersey des numéros de téléphone d’éventuels parents, puis plus tard avec internet. Beaucoup de Tremper furent contactés mais aucun ne faisait partie de la famille de Daniel. Je me suis déplacé en France à Epinal dans un cimetière militaire mais mon temps était compté et par malchance le bureau était fermé. En 1999 notre association de la 30th division organisa un voyage en Europe, France et Hollande. Nous avons visité le cimetière de Normandie, le bureau était ouvert. On vérifia sur la liste Européenne le nom de mon camarade.

Daniel Tremper et son épouse Florence

Le préposé aux recherches me dit « Nous trouverons votre sergent même s’il est enterré dans un autre cimetière en France. » Je lui donnais le nom de Daniel H Tremper et son numéro de matricule. Alors qu’il recherchait sur son ordinateur je lui dis que je le recherchais depuis 55 ans. Il mit un second CD dans son ordinateur et put me dire à coup sur où il était enterré. Le cimetière était en Normandie Colleville St Laurent. Je localisais enfin mon sergent nous étions le 7 septembre 1999 soit 55 ans et 2 mois plus tard. Les restes de mon sergent sont enterrés dans ce cimetière permanent avec tous ses camarades morts pour leur pays. Daniel Tremper avait été au paravent inhumé au cimetière provisoire de La Cambe Plot B, Rang 7, Tombe 128.

Une balle avait frappé le S/Sergent Daniel H Tremper juste en dessous de son oreille. La balle était passée d’un coté à l’autre. Nous étions tous les deux cote à cote à genoux et peut être que cette balle m’était destinée mais c’est lui qui l’a reçu. Nous ripostions en direction des tirs hostiles à environ 12 pouces en dessous du sommet de la haie adverse. Quand les tirs stoppèrent enfin de la haie qui se trouvait à environ 40 pieds j’allongeais mon ami sur le dos et lui redressais ses deux jambes. Il n’y avait plus rien à faire mon sergent était mort. L’ennemi avait tendance à tirer un peu plus bas dans les haies  puis à s’esquiver. J’ai tiré sur le soldat ennemi qui avait tué mon sergent et je suis certain de l’avoir eu car les tirs venant de cette position s’arrêtèrent. Plus tard dans la journée nous prenions la position ennemie et nous trouvions le soldat et son arme. Il avait pris une balle dans le front juste en dessous du casque. Il n’a pas eu le temps de souffrir tout comme mon sergent. Notre groupe poursuivit sa progression m’obligeant à laisser mon sergent. D’autres unités venant de l’arrière s’occupaient des blessés et d’identifier les morts. Le matériel laissé sur place était récupéré.

Daniel était comme un frère pour moi qui n’en avait jamais eu.

J’étais un tireur d’élite un sniper et je ne manquais jamais ma cible, chaque fois que j’avais un ennemi au bout de mon fusil je pensais à Daniel.

Florence avait été la femme de Daniel, ils s’étaient mariés le 15 mai 1943 juste avant que Daniel ne rentre dans l’armée. Quatorze mois plus tard, le 7 juillet 1944 Daniel fut tué en opération lors de la bataille de St Fromond. Longtemps après Florence s’est remariée avec John, ils eurent  4 enfants 2 garçons et 2 filles. La plus jeune des filles Rosemary répond au mail. Elle m’informait qu’il y avait encore un parent direct à Daniel sa sœur Dorothy 87 ans qui vivait dans le New Jersey. J’ai contacté Dorothy par téléphone celle-ci en fin de vie était très atteinte mentalement. Pas très longtemps après notre conversation téléphonique  je fus profondément attristé avec des larmes dans les yeux quand j’appris  la disparition de Dorothy le 21 décembre 2006. Elle était partie rejoindre son frère au ciel, c’était le dernier membre direct de la famille Tremper. Qu’elle repose en paix.

Purple Heart	Lorsque Florence décéda Rosemary sa fille garda quelques souvenirs de sa mère parmis ceux-ci la Purple Heart de Daniel que sa mère avait gardé pendant près de 60 ans. Elle l’avait conservée et chérie en mémoire de son premier amour. Dorothy avait toujours dit à Rosemary que sa mère ne fût jamais la même après la mort de Daniel. Rosemary connaissait la valeur sentimentale de la Purple Heart de Daniel pour sa mère. Quand elle apprit que je recherchais sa famille et qu’elle cherchait justement à qui confier cette médaille elle me la donna étant certaine qu’avec moi la mémoire de Daniel se perpétuerait. Pour moi ce fut un très grand honneur en mémoire de mon cher copain et ami Daniel H Tremper. Maintenant 62 années plus tard ma quête est arrivée à sa fin. Je suis au bout de la piste.   Ysidor Sanchez San José California  2006	La fin de la piste

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