Bataille du Vexin : Par le Pfc Kenneth Parker 120th infantry Regiment
Kenneth Parker et le lieutenant George Ennis
29 Aout44 :Condécourt
Le matin du 29 Aout la Charlie company fût de corvée
pour prendre la tête et pousser les Allemands. Nous étions derrière cette
compagnie en réserve. Au village suivant certains jeunes Français parlant
l’Anglais nous demandaient la phrase à présent coutumière « Êtes- vous
nombreux ? avez- vous pris cette ville ou bien celle là ? ». Je ne
sais pas répondais- je toujours. Je ne la connais pas. Nous avancions de 6 kms sans
opposition avant de rencontrer une résistance assez raide à Villette contre des
éléments parachutistes de la 6e division et des troupes de la 18e
division de la Luftwaffe. Ils engagèrent un combat difficile avec de
l’artillerie lourde, des mortiers, des anti- tanks et des armes légères. Notre
commandant de battalion le Colonel
Bradford fût blessé au bras. Deux leaders de platoon de la Charlie company
furent perdus ainsi que plusieurs de nos tanks. Les tirs directs d’un anti tank
firent le plus de dommage parmi nostroupes.
Au début de l’action notre unité était au village suivant au nord de Villette.
(Condécourt). Nous observions les tirs de mortiers de 81mmqui s’abattaient dans les jardins des
maisons.L’artillerie ennemie secouait
le sol alors nous quittions la route où les ambulances et les jeeps décampaient
vers l’arrière. Un parisien engagea la conversation. Il semblait avoir reçu
une bonne éducation et parlait parfaitement l’Anglais. « Les Allemands
sont finis ?» disait- il « ils savent qu’ils sont battus ». Il
ajoutait qu’un groupe d’Allemands qui était dans le village la nuit précédente
recherchait une bonne cave pour se protéger de notre artillerie. J’avais
remarqué que le village avait été lourdement bombardé ainsi que le clocher de
l’église. Notre artillerie avait été effrayante. Le parisien nous dit avec
dégout « j’ai servi durant la première guerre et l’artillerie était
encore plus lourde qu’aujourd’hui, mais nous n’étions pas aussi effrayé que ces
hommes le sont ».Un petit réconfort pour moi d’apprendre que l’ennemi
était effrayé. Finalement nous étions tous effrayés. Cette conversation se
termina en entendant le rituel ordre « nous partons ». Au deuxième
ordre les hommes récupéraient leurs matériels et se mettaient en ligne.
L’artillerie ennemie était encore en action quand nous repartons. Nous avançons
lentement vers ce broyeur de viande. La bataille de Villette était le dernier
engagement important sur le sol Français. Villette était réputé pour être un
village de stockage où les acheteurs de Paris venaient regarder les animaux
pour les ramener avec eux et les revendre au marché noir. Nous savons dans quel
hangar ils sont gardés et entendons du bruitsur les toits en zinc. C’étaientdes GI’s qui se sont échappés d’un camp de prisonniers dans un château tout
proche. Ils ont grimpé sur les hangars pour atteindre notre position située à
l’ouest du village. Les échappés bavardèrent un peu avec nous puis disparurent
vers nos arrières. En dessous de nous le village paraissait comme une masse
d’arbres avec par ci par là le toit d’une grange ou celui d’une maison. Bientôt notre colonne s’enfonçait
dans la vallée bordée d’arbres et se déplaçait le long d’un réconfortant mur en
pierre qui nous servait de protection. Des éléments de la Charlie companytenaient encore une route encaissée qui
traversait à l’extrémité du mur où nous étions. Ce mur entourait le château et
la cours dans laquelle étaient parqués les prisonniers Américains. En marchant
sur le flanc droit du village nous évitions la zone battue par le barrage d’artillerie.
Lorsque nous arrivons à 100m du bout du mur il commençait à pleuvoir c’est à ce
moment que l’ennemi se mit à nous bombarder. Nous courrons sous la pluie
jusqu’au bout du mur et virons à droite en direction d’une colline et d’une
parcelle boisée. Les obus explosaient prés de nous mais la pluie tombait si
fort que nous ne pouvions voirles
départs de ces tirs. Nous ne pouvions donc pas répliquer. Au sommet de la
colline nous prenons une petite route où nous faisons une halte. La pluie avait
cessé et nous pouvons voir clairement un vaste terrain en dessous de nous.
C’était un beau panorama sur le champ de bataille dont nous n’étions pas les
acteurs mais les spectateurs. Les branches des arbres explosaient ici comme
dans les villages de villette et de Condécourt. Les deux villages étaient très
proches l’un de l’autre. Au sud vers Paris la campagne était verte mais le ciel gris était encore
obscurcipar l’orage. Loin derrière nous
nous apercevions les pièces d’artillerie qui tiraient sur le front vers l’est.
Un avion d’observation comme un vautour recherchait ses victimes. Nous pouvons
aussi voir vers le sud deux formes brunes au bord du tapis vert.Apparemment c’étaient les premières
victimesde la contre attaque ennemie.
Entre tempsun de nos observateurs
d’artillerie apparut avec son radio et commençait à ajuster sa batterie sur la
vallée. Il se servait du clocher de l’église de Condécourt comme point fixe.
Une fois ajusté il indiquait les coordonnées à la batterie qui tirait par
dessus nos têtes en direction d’un petit bois à 300m droit devant nous. Alors
l’observateur dit « pour tous » même son radio était dégouté. Nous
pensions qu’il ne devait cibler que les positions ennemies même s’il ne pouvait
pas toutes les apercevoir. Nous ne réalisons pas 9tout de suite que ce corps
d’artillerie avait une telle mission. En quelques minutes la
valléecommençait à exploser.
Les obussifflaient furieusement comme
un essaim de mort sur sa proie. Notre 3rd platoon etla Charlie company sont en bas expliquait- on à l’observateur. Il
était désolé pour tous ceux qui étaient
proches du barrage d’artillerie. Un autre homme lui cria d’arrêter. «
Regarderil
y a un groupe de Gi ‘s qui capitule en
indiquant le tapis vert ». Prés d’une douzaine
de miniatures brunes
marchait en colonne au milieu du domaine vert. Les hommes avaient les
mains sur
la tête et n’avaient plus d’armes. Un autre GI qui
observait la scène avec des
jumelles dit « Je vois deux hommes en uniformes venir
à la rencontre des
Américains ». L’un deux un Allemand semble
très agité. Le préposé à la
jumelle dit « quelle belle vue ».Le kraut sautait comme si on le chatouillait. Peut être attendait- il la
fin du barrage ou peut être jetait- il les casques lourds de ses
prisonniers.Je pariais avec mes copains
qu’ils avaient fait des prisonniers mais que les krauts ne savaient pas où
aller. Plus tard ma pensée se révéla exacte. Comme le crépuscule tombait, notre
artillerie cherchait dans quel domaine les Américains étaientretenuset frappait autour d’une grange qui prit feu. Résultat de ces
bombardements le ciel resta éclairé une partie de la nuit. Nous étions dans un
creux sur un côté de la colline .Nous creusons des trous de 30cmjusqu'àla craie qui nous servirent de lits pour la nuit. Chaque trou était
bordé de craie blanche qui signalait notre présence même dans l’obscurité.Au petit matin le temps était clair et tiède.
Depuis que les Allemands s’étaient retirés nous poursuivons notre marathon avec bonne
humeur. Chaque village quenous
délivrons était célébré par les sonneries des cloches des églises. (ce qui donnait
sans le vouloir une indication aux Allemands sur la position des Américains).
Les habitants des villages nous offraient du pain, de la confiture ou tout ce
qui était disponible.